
Lire de temps en temps un peu de théâtre, surtout du classique d’ailleurs, est un réel plaisir. C’est un autre moyen de se divertir en lisant différemment, en essayant de reproduire dans son esprit le décor, la position des personnages les uns envers les autres et leur manière d’être. Je n’ai pas encore passé le pas d’aller voir une pièce de théâtre mise en scène après une lecture. Ce sera d’autant plus difficile avec cette pièce de théâtre puisque Musset a créé « le spectacle de fauteuil », signifiant que la pièce n’est pas destinée à être jouée mais lue.
Il faut dire qu’il est difficile pour un metteur en scène et un décorateur de se lancer dans la conception d’une multitude de décors, tel qu’imaginé dans cette pièce : on se retrouve en intérieur, chez untel, puis chez un autre, devant tel monument, ou à un marché,… Bref, Musset a la bougeotte.
Ce qui est d’autant plus original, c’est que les personnages sont très (très) nombreux et qu’il est difficile de distinguer les personnages influents dans l’histoire, de ceux qui sont là que pour servir de relais aux personnages principaux. Il est donc difficile pour le lecteur de s’y retrouver surtout sur une large première partie de l’histoire.
A travers cette pièce, Musset voulait nous raconter l’histoire de Lorenzaccio qui a assassiné le Duc de Florentin, dictateur local, qui menait la vie dure à son peuple. Autant dire dès le départ que j’ignorais complètement cette histoire et que ma lecture était une bonne occasion de la découvrir. Mais c’était sans compter avec les petits arrangements De Musset avec L Histoire (avec un grand H) pour coller à son histoire (avec un petit h). L’édition dans laquelle j’ai lu cette pièce de théâtre n’est qu’une succession de rectificatif de contexte, de date, de lieu, ou autre visant à expliquer au lecteur combien Musset s’est en réalité librement inspiré de cette histoire. On repassera pour la culture historique de cette lecture.
Outre l’originalité de tout ça, Il faut clairement dire qu’il faut rester accrocher à son fauteuil pour comprendre où veut nous amener l’auteur. Ce n’est pas clair du tout. Je ne me suis pas dispersée à lire d’autres livres en même temps car j’avais énormément besoin de concentration (et de courage) pour en venir à bout. C’est complexe, mais avec une bonne édition, on est bien guidé, avec les explications scène après scène. Sans ça, je ne pense pas que j’aurais été jusqu’au bout. J’ai largement préféré sa pièce « Il ne faut jurer de rien », largement plus accessible.
Résumé éditeur
Lorenzino, Lorenzetta, Renzo, Renzino: Musset module à l’infini les surnoms et les masques pour désigner Lorenzo de Médicis, androgyne à l’aspect maladif qui nourrit en secret un projet terrible. Lorenzaccio, cousin et favori du duc Alexandre, est un modèle de débauche qui a pourtant ses entrées chez ceux qui la déplorent. Il sait que son acte, désespéré mais nécessaire sur le plan privé, sera récupéré par le flux, transformé en geste public dérisoire sur le plan universel. De tirades cyniques en monologues poignants, Musset trace les contours d’une silhouette fantasmagorique qui se détache d’une Florence en pleine déchéance. Pris au piège de son jeu bien plus qu’Hamlet, Lorenzaccio cultive son drame. Non pas comme d’autres romantiques cultivent leur mélancolie, mais parce que c’est le seul lien qui lui reste avec la réalité.

Éditions : Folio théâtre
Nombre de pages : 247 pages
Date de publication : 2008 dans cette édition
Autre pièce du même auteur
Je ne connaissais pas cette pièce difficile de Musset. Merci pour ce partage 🙂
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