[Rentrée littéraire] Le Pays blanc de Marjorie Tixier [Jurée Prix du roman FNAC 2024]

Le Pays blanc, c’est la Pologne, le froid, la neige, et mise dans le contexte de la 2nde guerre mondiale, ce pays n’était pas bon y vivre, surtout quand on vient d’avoir un enfant d’un homme juif. Et d’autant plus quand il ne s’agit pas de son mari. Broni promet à son mari de ne pas garder l’enfant pour pouvoir faire vivre sa famille financièrement. Et c’est donc en proposant à sa sœur Helena de quitter le pays avec cette enfant, que la solution va être trouvée.

Ce point de départ de l’intrigue m’a plus que surprise. Broni « sacrifie » sa sœur pour que son enfant puisse avoir une vie saine, loin de la Pologne. Helena va droit vers la France car elle a un point de chute qui peut l’accueillir. Cette première partie de roman, qui aurait pu/dû me procurer un peu de tristesse, tout du moins de l’empathie, ne m’a fait ni chaud, ni froid. J’ai eu du mal à avoir de l’empathie pour ces 2 sœurs : l’autrice nous offre un moment de « complicité » entre elles au moment de l’une des premières scènes où elles marchent dans la neige, et où Broni apprend à sa sœur qu’elle est enceinte. Le ton de l’autrice est assez froid : je suis restée à l’écart de cette complicité.

Vient mon deuxième gros point négatif de ce roman, là encore, le voyage d’Helena de la Pologne vers la France est là encore très survolé. Il semble s’être déroulé sans trop d’encombres alors que personnellement, un voyage toute seule au travers plusieurs pays, en train ou autres, m’angoisserait un peu et en même temps, Helena, avec un bébé tout juste né, semble avoir voyagé d’un trait, sans que l’autrice puisse nous laisser le temps de se remettre de ce séjour, et de mettre en avant l’épreuve que ça aurait dû être pour une jeune femme, à l’aube de la seconde guerre mondiale, accompagnée d’une enfant : jusqu’à récemment, elle aurait pu passer pour une fille mère au yeux de ses co voyageurs et subir les critiques.

Si bien que ce voyage qui aurait pu/dû tenir plus longtemps dans le roman, ne se révèle qu’être un prétexte pour mesurer l’éloignement entre elles et sa sœur restée en Pologne. Les passages où l’autrice nous montre sa tristesse de cette distance son là encore survolée. En fait, le rythme de la narration est très déconcertant dans le sens où la séparation des personnages est quand même le tournant le d’histoire et encore une fois, c’est froid et vite expédié.

Je ne m’étendrai pas sur les autres invraisemblances de ce roman. J’ai été très vite perdue dans tous ces enchaînements : Helena trouve une situation professionnelle très rapidement, avec le confort nécessaire pour elle et le bébé. On va la suivre au fil des années et voir la petite grandir jusqu’à devenir adulte.

Ce roman pourra intéresser les lectrices adeptes des romans à double temporalité : nous avons une toute première partie de nos jours, racontant l’histoire d’un peintre cherchant à comprendre l’histoire de sa famille : pour cela, il file en Pologne. Puis vient l’histoire des 2 sœurs à l’aube de la 2nde guerre mondiale.

Cette structure narrative qui me plaît d’habitude m’a laissée sur ma faim : la temporalité sur le passé est assez floue : on avance dans le temps puis on revient en arrière sans que cela soit clairement indiqué, ce qui fait que j’ai été rapidement perdue. J’ai eu l’impression de ne pas avancer.

J’avais beaucoup aimé le roman « Un autre bleu que le tien » : j’avais apprécié ce roman pour l’introspection des 3 personnages principales, j’avais été émue par cette histoire et je m’attendais justement à retrouver cette émotion sur ce nouveau roman. Ça n’a pas été le cas.

Deux sœurs, deux cœurs, une seule âme.
1926, Nowa Wieś. Jamais Helena n’aurait imaginé quitter la Pologne, ce pays blanc qu’elle aime tant, et sa sœur jumelle Broni qui est comme une seconde âme pour elle. Pourtant, afin de sauver l’enfant illégitime de Broni, elle part pour un exil sans retour avec le nourrisson. La France sera leur refuge, et le silence d’Helena la garantie de leur survie. Du moins le croit-elle.
2022, Paris. Thomas n’a jamais réussi à parler avec sa mère, Dorothée, de son pays d’origine qu’elle a effacé de sa mémoire, jusqu’au jour où les questions deviennent trop nombreuses et trop pressantes. Il sent qu’il doit « retourner » en Pologne, reprendre l’histoire là où elle s’est arrêtée.
Un roman qui retrace, à travers le vingtième siècle, les destins croisés de quatre générations qui se font écho autour d’une seule quête : celle de la liberté.

Éditions : Fleuve

Nombre de pages : 384 pages

Date de publication : 14/08/2024

Laisser un commentaire