[Rentrée littéraire] Le Bastion des larmes de Abdellah Taïa [service presse]

Youssef, professeur à Paris, retourne à Salé, son village natal au Maroc. Sa mère est décédée et il doit retourner sur place pour son héritage. Avant d’y aller, une vague de souvenirs remonte en lui : son adolescence puis sa vie de jeune adulte sont complètement hantée par les violences qu’il a subies du fait de son homosexualité.

Les violences sont loin d’être seulement physiques : tout le monde tourne la tête pour ne pas voir le sort du jeune Youssef. Même ses soeurs ne l’ont pas soutenue pendant qu’ils subissaient ces viols. A travers son histoire mais aussi de celle de son ami d’enfance et d’autres personnages encore, il nous est retranscrit cette espèce de tabou, ce rejet de l’autre quand il n’est pas comme nous, la tradition du Maroc et la religion musulmane aussi qui tel que l’auteur nous le décrit, n’acceptent pas l’homosexualité. C’est avec une certaine pudeur que l’auteur nous raconte cette histoire, sans entrer dans les détails et en nous laissant imaginer ce qui a pu se produire réellement. L’auteur nous relate tout ça en donnant la parole aux personnes qui ont connus Youssef au travers de rêves qu’il a dans la nuit, comme un dialogue entre lui et les autres pour mettre en exergue les désaccords, les désirs de vengeance, l’amour aussi.

J’ai beaucoup aimé cette lecture : les dialogues imaginés dans les rêves de Youssef sont percutants, c’est bien fait, prenant et terriblement révoltant aussi. Très bonne lecture donc.

À la mort de sa mère, Youssef, un professeur marocain exilé en France depuis un quart de siècle, revient à Salé, sa ville natale, à la demande de ses sœurs, pour liquider l’héritage familial. En lui, c’est tout un passé qui ressurgit, où se mêlent inextricablement souffrances et bonheur de vivre.
À travers lui, les voix du passé résonnent et l’interpellent, dont celle de Najib, son ami et amant de jeunesse au destin tragique, happé par le trafic de drogue et la corruption d’un colonel de l’armée du roi Hassan II. À mesure que Youssef s’enfonce dans les ruelles de la ville actuelle, un monde perdu reprend forme, guetté par la misère et la violence, où la différence, sexuelle, sociale, se paie au prix fort.
Frontière ultime de ce roman splendide, le Bastion des Larmes, nom donné aux remparts de la vieille ville, à l’ombre desquels Youssef a jadis fait une promesse à Najib.  » Notre passé… notre grande fiction « , médite Youssef, tandis qu’il s’apprête à entrer pleinement dans son héritage, celui d’une enfance terrible, d’un amour absolu, aussi, pour ses sœurs magnifiques et sa mère disparue.

Éditions : Julliard

Nombre de pages : 224 pages

Date de publication : 22/08/2024

2 réflexions sur “[Rentrée littéraire] Le Bastion des larmes de Abdellah Taïa [service presse]

Répondre à peluche0706 Annuler la réponse.