[Rentrée littéraire] La petite bonne de Bérénice Pichat [Service presse]

La petite bonne travaille pour plusieurs maisons mais dans ce roman, on va la suivre chez les Daniel. L’ambiance y est bien particulière, alors même qu’elle en a vu des vertes et des pas mûres dans d’autres foyers. Dans cette maison, le maître est défiguré et en chaise roulante depuis plus de 20 ans maintenant, après avoir été appelé sous les drapeaux pendant la première guerre mondiale et avoir été gravement blessé par une bombe : il est devenu complètement dépendant de sa femme pour l’assister dans les gestes au quotidien. Sa femme consacre sa vie entière et s’est en quelque sorte, sacrifiée pour lui. Lui, il en veut à la terre entière et le fait savoir à la bonne. Jusqu’à présent, elle ne devait travailler chez eux que quelques heures mais Madame doit partir quelques jours retrouver une amie. Elle demande donc à la bonne de s’occuper de son mari jour et nuit et lui donne des instructions très précises. Elle redoute ces jours qui viennent mais obéissante, elle va accepter, sans réellement avoir le choix. Pendant ces journées, ils vont se jauger, s’affronter jusqu’à ce que le mari lui demande un service bien particulier.

En débutant le roman, j’ai été surprise par le style d’écriture. En fonction de qui est le narrateur, le texte n’est pas présenté de la même façon : pour la bonne, la narration est écrite au format poème mais sans rime, avec des retours à la ligne. L’écriture est comme saccadée et cela donne un sentiment d’oppression, reflétant les angoisses de la bonne. Les pages se lisent rapidement car l’œil finissant par s’y habituer, l’histoire se lit à un rythme assez soutenu. Au-delà de cette singularité, du point de vue du Maître ou de Madame, l’écriture est en prose classique.

L’histoire est en elle-même prenante : on se doute de ce que va demander le Maître à sa bonne mais on a envie que cela soit formaliser par des mots. Cette demande n’est que suggérée au départ, peu de mots nous sont révélés. La tension va monter petit à petit et puis, l’intrigue va prendre un tournant jusqu’au dénouement final, dénouement qui m’a surprise.

C’est donc oppressant, malaisant, triste, fataliste, et en même temps, touchant, plein d’espoir et d’amour envers cet être si malheureux.

J’aurais juste un bémol sur le début du roman : le rythme est assez lent, car on découvre l’histoire de la bonne. C’est peut-être le passage le moins prenant, tout y étant suggéré, la lectrice que je suis était un peu dans le brouillard.

Domestique au service des bourgeois, elle est travailleuse, courageuse, dévouée. Mais ce week-end là, elle redoute de se rendre chez les Daniel. Exceptionnellement, Madame a accepté d’aller prendre l’air à la campagne. Alors la petite bonne devra rester seule avec Monsieur, un ancien pianiste accablé d’amertume, gueule cassée de la bataille de la Somme. Il faudra cohabiter, le laver, le nourrir. Mais Monsieur a un autre projet en tête. Un plan irrévocable, sidérant. Et si elle acceptait ? Et si elle le défiait ? Et s’ils se surprenaient ?

Éditions : Les Avrils

Nombre de pages : 272 pages

Date de publication : 21 août 2024

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