Les Femmes qui craignaient les hommes de Jessica Moore

Résumé éditeur 

Nouvelle voix de la littérature noire très remarquée outre-Manche, Jessica Moor livre un thriller psychologique intense, violent, sur la criminalité ordinaire, la prédation et l’emprise.
La banlieue de Manchester abrite une maison pas comme les autres : une résidence sécurisée réservée aux femmes. Ici, elles sont nombreuses à vivre loin de ceux qui ont fait de leur quotidien un cauchemar. Alors, quand le corps de Katie, leur conseillère et amie dévouée, est retrouvé dans la rivière et que l’inspecteur Whitworth entreprend de les interroger, leur réflexe est de se cacher, de se taire.
Pourtant, elles vont devoir parler. Si elles ne le font pas, la police classera l’affaire en suicide. Comment ces femmes terrorisées pourront-elles jamais se confier à un homme ? Et comment livrer ce qu’elles savent sans risquer de faire tomber l’une d’entre elles ? Car chacune détient une pièce de ce puzzle macabre, et révéler la clé du secret pourrait mettre à l’épreuve leur solidarité, ce dernier lien qui les protège dans une société qui semble les avoir oubliées…
Que vaut la vie d’une femme ?

Mon avis

Le résumé de l’éditeur m’a attirée : je pensais avoir à faire à une espèce de huis-clos au sein de ce refuge avec des non-dits, une certaine omerta entre les femmes de ce refuge… et puis finalement, c’est bien plus que ça. J’ai bien aimé ce livre parce que justement, l’auteure nous propose un récit qui ne verse pas dans le pathos, mais au contraire, nous immerge dans les angoisses de ces femmes. Leurs histoires contrastent fortement avec l’état d’esprit des 2 flics qui vont être en charge de l’enquête. Et c’est ça qui est rageant.

En 2 mots, pour résumer l’histoire, on suit un groupe de femmes qui se retrouvent dans un refuge pour femmes victimes de violence conjugale ou familiale. A la tête de ce refuge, Valérie Redwood, une femme qui a à cœur de protéger ces femmes en dissimulant aux yeux de tous, l’identité des femmes qui habitent dans ce refuge. Elle est secondée par Katie qui écoute les angoisses de ces femmes et les conseille. Seulement, Katie est vite retrouvée morte et très tôt, tout le monde conclut à un suicide. Pour s’assurer que c’est bien le cas, 2 flics, Whitworth et Brookes vont enquêter à ce sujet et vérifier qu’il s’agit bien d’un suicide : il n’est pas en effet pas courant qu’un suicide soit effectué par noyade.

L’auteur a travaillé avec des femmes battues et à travers son roman, elle a voulu nous immerger dans ce monde. L’actualité en France nous démontre que les féminicides sont malheureusement courants et le décompte macabre fait souvent la une des journaux. Souvent, on peut se poser la question de savoir pourquoi ces femmes ne quittent pas leur conjoint. Quand on ne connaît pas, on ne peut pas vraiment savoir. Dans ce roman, l’auteure nous explique tout ça. L’emprise psychologique que subissent ces femmes est presque plus fort que tout. Ce n’est finalement pas « que » des violences physiques qu’elles subissent, mais bien aussi des violences psychologiques. Ces femmes sont convaincues qu’elles ne peuvent pas vivre sans leur conjoint, elles culpabilisent et se méfient de tout. Si bien que même envers les 2 flics qui vont les entendre, elles vont décortiquer toutes leurs réactions et s’adapter en adaptant leur comportement face à eux. Tout cela est très bien retranscrit. D’ailleurs, l’auteure met en parallèle le moment présent c’est-dire le moment de l’enquête et les quelques années avant la mort de Katie. On apprend au fil des chapitres ce qu’il s’est passé. Et on sent l’emprise s’installer sans en avoir l’air jusqu’à ce qu’elle se retrouve complètement piégée malgré elle. On voit aussi à travers ces différentes histoires que souvent l’entourage lui-même ne prend pas conscience de ce qui se passe et laisse faire les choses.

Tout ça pour dire que l’histoire est très prenante. Certes, on n’est pas dans un thriller classique où à tous les chapitres, on a un rebondissement qui nous tient en haleine. Personnellement, j’ai été emportée par toutes ces histoires en essayant de faire le lien avec l’histoire de Katie, en cherchant ce qui a bien pu lui arriver. Et même si on n’avance pas réellement tout le temps dans l’enquête tout au long des chapitres, j’ai lu ce livre assez rapidement.

La fin m’a surprise comme pas mal d’autres lecteurs. Je me suis repassée par mal d’évènements en arrière pour me refaire l’histoire à la lumière de cette vérité. Cette fin me convient parfaitement, même si on aurait voulu que ce soit autrement dans la réalité.

En bref, ce fut une bonne lecture. Les amateurs de thriller peuvent être déçus car l’enquête avance très lentement. Mais il faut avoir en tête de ne pas rechercher réellement du suspense dans ce livre mais plutôt de découvrir ce monde-là.

Je remercie les éditions Belfond et Netgalley pour cette lecture.

Éditions : Belfond

Nombre de pages : 352

Genre : Thriller

Publication : 6 mai 2021

Pour en savoir plus

Page Internet de la maison d’éditions : Les Femmes qui craignaient les hommes | Lisez!

La presse en parle : The guardian : Keeper by Jessica Moor review – atmospheric, timely | Crime fiction | The Guardian

Quelques mots sur l’auteur :

  • a grandi dans le sud-ouest de Londres
  • diplômée en Littérature anglaise à l’université de Cambridge, et en creative writing à l’université de Manchester
  • elle a travaillé dans le secteur de la culture et dans le social, notamment auprès des femmes battues
  • Elle vit à Berlin
  • Son premier roman, Les femmes qui craignaient les hommes, s’est fait largement remarquer et est présent sur les listes de nombreux prix et sélections de meilleurs romans, dont celle prestigieuse de The Observer-The Guardian

4 réflexions sur “Les Femmes qui craignaient les hommes de Jessica Moore

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